En outre, par la capitalisation de l’intérêt, la position des travailleurs s’aggrave chaque année de plus en plus; de telle sorte qu’en poussant la démonstration jusqu’au bout, on arrive, vers la septième année, à trouver que tout l’apport primitif des travailleurs est passé, à titre d’intérêts et de bénéfices, entre les mains du propriétaire-capitaliste-entrepreneur…

Pierre-Joseph Proudhon
Œuvres Complètes de Frédéric Bastiat, tome V, pages 94 à 335
Onzième lettre, pages 238 à 272

Cette onzième lettre est fastidieuse. Après avoir expliqué que personne n’est capable de donner une définition de ce qu’est le capital et sans en avoir donné une lui-même, Pierre-Joseph Proudhon crache à la figure de Bastiat en lui disant qu’il n’entend “rien à l’économie politique”. Entre temps, il part dans ce qu’il appelle des démonstrations qui ne sont encore une fois que des assertions dans lesquelles il parvient à trouver des conclusions absurdes du type de la citation du jour qui conclue à la ruine au bout de sept ans de tous les travailleurs, ce qui ne correspond pas tout à fait à la réalité.

Par bonheur, j’ai trouvé en Joseph Schumpeter quelqu’un qui avait relevé le problème avant moi, ce qui me permet d’exprimer ce que je pense en traduisant simplement le passage suivant trouvé en page 457 de son History of Economic Analysis à propos de Proudhon: “Et nous sommes intéressés par son approche économique pour la seule raison qu’elle constitue l’exemple par excellence du type de raisonnement navrant qui est fréquent au sein d’une science sans aucun prestige: le type de raisonnement qui arrive, en raison d’une incapacité d’analyse totale, c’est-à-dire, l’incapacité à manier les outils de la théorie économique, à des résultats non seulement absurdes mais reconnus comme tels par leur auteur. Mais leur auteur, plutôt que d’en déduire qu’il y a quelque chose de faux dans sa méthode, en déduit qu’il y a quelque chose de faux dans l’objet de ses recherches, de telle manière qu’il avance, soutient et promeut ses erreurs avec la plus grande assurance.”

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