Je remarquerai qu’à cette expression, moyens de subsistance, autrefois universellement admise, J.-B. Say en a substitué une autre beaucoup plus correcte: moyens d’existence.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VI, page 519
Harmonies Economiques

Après avoir décrit ce qu’il pense être juste dans l’analyse de Malthus, Frédéric Bastiat cherche à comprendre où est son erreur qui a conduit à le couvrir d’opprobre. Il reprend les deux éléments de limitation de la population identifiés par Malthus, à savoir la prévention et la répression et cherche l’erreur. D’après Bastiat, Malthus aurait limité la puissance de la prévention à quelques questions d’ordre moral qui n’auraient effectivement pas été suffisantes pour limiter l’accroissement de la population au-delà d’un seuil qui aurait nécessairement généré une limitation par la répression, naturelle (guerres, famines, etc…) ou artificielle (répression constructiviste comme la politique de l’enfant unique par exemple). Ce dernier point étant particulièrement dérangeant d’un point de vue éthique tend à enflammer les passions.

Or, ce que l’histoire nous a révélé, c’est que la puissance préventive est nettement plus forte qu’attendue. Le point qu’il relève chez Say dans la citation d’aujourd’hui en laisse entrevoir la raison. Dans la mesure où le problème n’est plus limité aux moyens de subsistance mais aux moyens d’existence, c’est la situation économique d’un pays dans son ensemble qui va déterminer le degré de limitation de l’accroissement de la population. Or c’est exactement ce qu’on a observé sur les deux siècles suivant lorsque la transition démographique d’un pays après l’autre a été tirée par la baisse de la natalité qui suivait systématiquement l’enrichissement matériel, intellectuel et culturel des peuples.

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