Je dois bien raisonner comme les géomètres, sur cette formule: toutes choses égales d’ailleurs.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 96 à 99
Journal des Débats, 2 mai 1846

Dans cette courte lettre en réponse à un article du Journal des Débats, Frédéric Bastiat prévient ceux qui se réjouissent de l’abaissement des barrières douanières en Angleterre que sans une politique analogue en France, les bénéfices risquent fort d’être ressentis par les concurrents de la France plutôt que par les français. En effet, le commerce international consiste à échanger des produits contre des produits, pas contre de l’argent (objectif des mercantilistes qui cherchent à favoriser les exportations tout en réduisant les importations), ce qui fait que la limitation des importations en France renchérira le prix des exportations, alors moins compétitives que celles des concurrents. Il montre pourquoi par un exemple fictif chiffré.

Pour cela, il utilise la clause de raisonnement ceteris paribus absolument indispensable en sciences économiques (comme on le verra dans les sophismes La Protection Eleve-t-elle le Taux des Salaires? ou encore Cherté, Bon Marché). Il reconnaît que la réalité ne reflète certainement pas la situation, les choses étant rarement égales par ailleurs. Cela n’enlève rien au fait que le raisonnement “scientifique” est valide et que s’il n’est pas possible de prédire de manière chiffrée quel sera le résultat économique de la mesure (dans certains cas, les autres choses ayant une influence plus marquée, le résultat peut apparaître en opposition à ce qui serait attendu), il est possible de prédire qu’une mesure est “bonne” ou “mauvaise”.

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