Je n’ai pas d’ailleurs perdu de vue ce que vous me disiez un jour, que le mouvement, qui s’était fait de bas en haut en Angleterre, doit se faire de haut en bas en France.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 129
Lettre du 25 mars 1846

C’est toujours à propos de la mise en place d’une association en faveur du libre-échange que Frédéric Bastiat mentionne ce qui fait la citation d’aujourd’hui: une remarque qui lui aurait été faite par Richard Cobden.

Cette phrase m’attriste mais il faut bien accepter la réalité: une différence fondamentale entre la culture des anglais et la culture des français porte sur la manière dont la société doit s’organiser. L’individualisme, à défaut peut-être d’être bien compris, est bien ancré Outre-Manche. L’évolution politique du pays se fait par un mouvement de bas en haut, ce qui est éminemment démocratique. En revanche, la France n’a jamais vraiment mis l’individu au cœur de la société et le collectivisme comme le constructivisme y trouvent un terreau de choix. Culturellement, le français ne comprend pas qu’une décision politique puisse se développer de bas en haut: le pouvoir est au gouvernement central et c’est lui qui peut imposer ses vues.

C’est peut-être une des raisons pour lesquelles la France semble être un champion du monde des grèves, manifestations et autres mouvements sociaux: pour qu’une opinion fasse son chemin, on considère qu’elle doit être imposée par le gouvernement et chacun s’emploie à convaincre le gouvernement d’imposer ses propres vues (y compris sous la contrainte ou la menace).