La spoliation au dehors s’appelle guerre, conquêtes, colonies. La spoliation au dedans s’appelle impôts, places, monopoles.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 6 à 20
Introduction
Dans cette première partie de l’introduction à Cobden et la Ligue, Frédéric Bastiat tente de remettre les pendules à l’heure en ce qui concerne les liens de causalité entre misère et libéralisme. Partant du constat qu’il existe de grandes inégalités et une paupérisation d’une grande partie de la population en Angleterre, l’opinion publique a vite fait de les imputer au capitalisme. En effet, l’Angleterre étant le berceau de l’école économique depuis Adam Smith, c’est l’endroit, plus qu’ailleurs, où l’on peut observer quelques traces de libéralisme et la plus grande dénonciation du protectionnisme.
Depuis 250 ans, tous les pays vivent dans un équilibre précaire entre libéralisme et constructivisme: les partisans de l’un ou l’autre système ont vite fait de dénoncer le système opposé comme cause de la misère et le leur comme cause de la prospérité. La question est de savoir ce qui prédomine et ne pas se contenter d’une corrélation nécessairement partielle pour expliquer la misère ou la prospérité.
Ce que Frédéric Bastiat montre ici est que le système anglais avant l’abolition des Lois Céréales est loin de l’idéal libéral et que le pays vit dans un système oppressif aux mains de l’aristocratie. Selon lui, la misère n’a pas été créée par le peu de libertés dont bénéficie le peuple mais bien de l’oppression dont il est l’objet. La citation d’aujourd’hui nous rappelle que le système colonial (encore en place, seuls les Etats-Unis s’en étant alors détaché) n’a rien de libéral et qu’en termes de politique intérieure, l’aristocratie conduit une politique spoliatrice, tant par l’exemple du régime fiscal de l’époque que par le monopole de la terre. Imputer la misère au libéralisme est un non-sens qu’il dénonce ici.
Pages 1 à 6 – Pages 6 to 20 – Pages 20 à 30 – Pages 30 à 38 – Pages 38 à 56 – Pages 56 à 72 – Pages 72 à 80