Il faut arriver à ce que tout Anglais soit libre d’acheter et de vendre au marché le plus avantageux.
Sir Robert Peel, cité par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 334 à 386
Octobre 1844
Cette citation datant du Discours sur les Droits de Douane de Sir Robert Peel, Premier Ministre de l’époque, le 10 mai 1842 apparaît deux fois, aux pages 349 et 358 de l’analyse comparative objet de ces extraits. Elle résume bien l’un des objectifs du libre-échange. Cependant, malgré ce qu’en pensent les détracteurs qui n’y voient qu’un “intérêt bassement matérialiste”, elle en constitue un passage obligé mais pas l’essence: c’est la raison pour laquelle Frédéric Bastiat se penche sur la question des droits sur cinquante pages plutôt qu’en une seule phrase!
D’ailleurs, il signale bien que ce qui est dommage, c’est que Sir Robert Peel, soutenu par les Tories, n’en fait qu’une application partielle alors que les Whigs sont beaucoup plus cohérents vis-à-vis du libre-échange. Mais Robert Peel est aussi celui qui abolira les Lois Céréales deux ans plus tard, donc on ne va pas lui en enlever l’honneur.
Un point intéressant de cette approche de réduction des droits est qu’elle a été l’occasion de constater l’effet Laffer, théorisé plus de cent ans après par Arthur Laffer. Cette courbe qui traduit le fait que l’assiette d’un impôt est tout aussi importante que le taux d’un impôt pour optimiser sa collecte fait beaucoup de détracteurs: il paraît clair que, tout au moins lorsqu’il s’agit des droits de douane, elle est tout aussi valable que la courbe de l’offre et de la demande (même si le taux optimal n’est jamais prédéfini et présente les mêmes difficultés de prévision chiffrée que la plupart des phénomènes économiques).