DE L’INFLUENCE DES TARIFS FRANÇAIS ET ANGLAIS

Il faudra donc les élever, c’est-à-dire chercher le remède dans l’aggravation du mal.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 334 à 386
Octobre 1844

L’objet de cette citation, ce sont les droits de douane. Après avoir constaté que le Royaume-Uni s’est lancé dans la voie de l’affranchissement des échanges internationaux et que la France s’est engagée dans la voie inverse, Frédéric Bastiat décrit le cercle vertueux du choix anglais et le cercle vicieux dans lequel la France va sombrer.

L’objet des droits de douane du régime protecteur est d’élever les prix afin de favoriser les producteurs “nationaux” qui ne peuvent pas faire face à la compétitivité étrangère. Ce que Frédéric Bastiat nous annonce, c’est que les prix bas pratiqués à l’étranger vont lui permettre d’améliorer sa compétitivité, ce qui ne sera pas le cas des producteurs nationaux qui, s’ils bénéficient de prix de vente artificiellement élevés, vont également devoir faire face à des coûts de production élevés. Ajoutons à cela que les prix élevés réduisent naturellement les économies d’échelle qui peuvent être faites alors que l’étranger pourra, lui, bénéficier de volumes importants en raison de coûts plus faibles et de prix de vente plus faibles. La conséquence est donc que, si les droits de douane permettent aujourd’hui d’exclure les concurrents étrangers en réduisant la compétitivité de leurs prix de vente, la dynamique économique fera qu’ils ne seront plus suffisamment élevés à l’avenir et qu’il faudra procéder à leur augmentation.

Ce qui me désole, c’est que ce phénomène qui consiste à mettre en place une politique à courte vue qui est fondamentalement mauvaise et que l’on cherche à renforcer quand on en constate l’échec plutôt que de la supprimer se retrouve régulièrement lorsque les gouvernements pensent être capables de conduire une politique économique. C’est malheureusement inévitable: il est illusoire de penser qu’une poignée d’hommes au pouvoir, aussi intelligents et de bonne foi soient-ils, soient capables de procéder à l’allocation des capitaux d’une manière plus optimale que l’ensemble des individus participant aux différents marchés dont les décisions sont coordonnées par les prix.

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