Il n’est pas bien certain que les représailles ne soient aussi funestes à ceux qui s’en servent qu’à ceux contre qui on les dirige.
François Guizot, cité par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 334 à 386
Octobre 1844
Cette citation est extraite d’un texte assez long dans lequel Frédéric Bastiat montre comment le virage en direction du libre-échange qu’a pris la Grande-Bretagne allait être bénéfique pour les anglais laisser les français à la traîne si ils s’obstinent à poursuivre des politiques protectionnistes. Cette citation suit une description de politiques absurdes consistant à se plaindre de la compétitivité britannique dans la production de drap et la mise en place de droits de douane visant à restreindre l’importation de machines qui permettrait de lutter contre ladite compétitivité. On observe encore de nos jours ce type d’absurdités lorsque le protectionisme cherche sa justification dans toutes sortes de “représailles” pour la simple et bonne raison qu’il trouve nécessairement sa source dans une erreur de jugement mercantiliste, à savoir que l’exportation est bonne et l’importation est mauvaise. Lorsque l’on comprend que l’exportation est un coût et l’importation un bénéfice, on comprend vite que se battre, sous forme de “représailles” ou autre contre les importations va nécessairement être contre-productif. C’est ce que François Guizot, alors ministre des Affaires Etrangères, laisse entrevoir ici, même si il ne comprenait pas vraiment pourquoi.
Ce que je trouve extraordinaire, c’est que ce phénomène qui consiste à se tirer une balle dans le pied revient toujours et encore, la dernière expression la plus flagrante datant de l’hiver 2022 et l’invasion russe en Ukraine quand, au prétexte de punir la Russie, l’Europe a coupé ses importations de gaz absolument nécessaires pour chauffer certains de ses habitants et produire l’énergie nécessaire à certains de ses industriels.