Oh! ne croyons pas facilement que Ricardo, Say, Malthus, Rossi, que de si grands et solides esprits se sont trompés. Mais n’admettons pas non plus légèrement une théorie qui aboutit à de telles monstruosités.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 216
Lettre non datée
Voici une longue lettre envoyée suite à la critique de plagiat par Henry Charles Carey (accusation un peu absurde au vu des opinions différentes de ces deux auteurs: Frédéric Bastiat reconnaît son travail sur la propriété foncière, pas sur l’ensemble de ses positions). La seconde partie de la lettre explique sur quels points les deux économistes se retrouvent et s’opposent à leurs illustres prédécesseurs.
Dans cette seconde partie, Frédéric Bastiat reproche au Journal des Economistes de tomber dans le piège de l’argument d’autorité. Il y montre pourquoi il s’oppose à Ricardo (ainsi que Say, Malthus ou Rossi) sur leurs positions vis-à-vis de la propriété foncière, à savoir que sa théorie aboutit logiquement à des “monstruosités” (les propriétaires s’enrichiraient aux dépens des autres qui seraient condamnés à la misère). Frédéric Bastiat a écrit les Harmonies Economiques en étant convaincu que le laissez faire était bénéfique à tous, pas seulement aux riches du moment. Le commerce n’est pas un jeu à sommes nulles, “le vendeur s’enrichit toujours et l’acheteur aussi”.
Ce que la citation du jour souligne, c’est que l’approche scientifique d’un phénomène requiert de pouvoir remettre en cause une analyse si des incohérences apparaissent: la recherche de vérité de peut pas se contenter d’invoquer la grandeur d’un homme (ou quatre hommes ici) pour conclure qu’un débat est clos. En somme, errare humanum est!