Il n’y a guère d’effet qui ne devienne cause.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VI, pages 563 à 573
Harmonies Economiques
La citation d’aujourd’hui constitue la raison essentielle de la complexité à laquelle fait face l’économiste. En effet, toute action ayant un effet sur l’économie change la situation qui devient alors le point de départ qui déterminera l’effet qu’aura l’action suivante. La multitude des actions se mêle ainsi à une multitude de situations qui évoluent en permanence, rendant impossible la justesse d’une prévision quelconque d’une action. Le constructiviste qui pense pouvoir modeler la société est donc voué à l’échec.
Le chapitre “causes perturbatrices” montre par ailleurs que le problème du constructiviste est qu’il ne croit pas que les hommes agissent selon des intérêts concordants et que par conséquent, il doit les forcer ou les tromper pour qu’ils agissent selon sa propre vision de ce qu’est leur intérêt. C’est présomptueux et cela ne peut pas fonctionner car il trouvera bien un autre constructiviste encore plus présomptueux que lui-même, prêt à reprendre la modélisation de la société selon une autre vision de ce qu’est leur intérêt. Frédéric Bastiat pense, lui, que l’intérêt des hommes n’est pas discordant et que, par conséquent, les laisser libres d’agir selon leur propre intérêt conduit à l’harmonie. L’homme étant sujet à l’erreur, cette harmonie n’est jamais atteinte et la société se perfectionne avec le temps.
Cela nous conduit à identifier la deuxième raison pour laquelle le libéralisme est préférable au constructivisme: le présomptueux qui prétend modéliser la société est aussi sujet à l’erreur mais, si il a l’autorité lui permettant de l’imposer à tous, l’erreur fera beaucoup plus de dégâts au sein de la société que l’erreur que peut commettre un individu isolément (en outre, l’erreur individuelle conduit généralement à sa correction alors que l’erreur gouvernementale conduit généralement à son extension).