Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir en état de changer, pour ainsi dire, la nature humaine, de transformer chaque individu.

Jean-Jacques Rousseau, cité par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 343 à 351
Sans date

L’éditeur Guillaumin nous informe en note de bas de page que Frédéric Bastiat avait évoqué le projet de décrire la création d’un état libéral sous forme d’échange de lettres entre Don Quichotte et Sancho Pança. Dans cet échange, Don Quichotte serait le constructiviste invétéré qui, comme nos clowns d’aujourd’hui, est persuadé de pouvoir modeler le monde selon sa propre vision et Sancho Pança serait le gouverneur de ce pays dont “le principe du gouvernement est de laisser les gouvernés juger et décider pour eux-mêmes, en toutes matières, et de n’exiger d’eux rien d’autre que le respect de la justice”.

C’est dans la première lettre de Don Quichotte à Sancho Pança qu’apparaît la citation d’aujourd’hui, extraite du Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau. La critique de ce dernier était claire dans le pamphlet Propriété et Loi: Frédéric Bastiat en rajoute une couche ici en montrant comment Rousseau se sentait supérieur aux autres et méprisait l’individu. La lettre de Sancho Pança en réponse rappelle que l’état ne peut offrir au peuple plus qu’il ne lui prend et doit donc se contenter de limiter ses attributions le plus possible. Son “devoir est de garantir à chacun ces deux choses: la liberté d’action, – la libre disposition des fruits de son travail”.