COBDEN ET LA LIGUE

A supposer que la mission du législateur soit d’assurer du travail au peuple, et, à défaut de travail, du pain, je dis: Pourquoi commencer par imposer ce pain lui-même?

Richard Cobden, traduit par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 91 à 96
Drury Lane, 16 mars 1843

La première partie de ce discours est une attaque contre lord Brougham qui avait lancé une diatribe contre la ligue et le révérend Bailey de Sheffield en particulier. Il se termine par un résumé de ce que sont les conséquences des lois-céréales contre lesquelles se bat la ligue.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la citation d’aujourd’hui qui présente deux idées particulièrement intéressantes. La première est de critiquer l’absence de définition claire des missions du gouvernement. La supposition est rhétorique: si l’on considère les fonctions régaliennes, assurer du travail ou du pain au peuple ne fait pas partie des fonctions du gouvernement. Dans une société libérale, la mission du gouvernement devrait être de mettre en place un cadre institutionnel permettant à chacun de travailler librement pour subvenir à ses besoins en fonction de ses qualités, sans avoir à subir d’injustices. La deuxième partie de la question montre pourquoi la mission devrait être restreinte: le gouvernement ne peut pas tout faire (notamment en raison de sa connaissance nécessairement limitée) et, dans la mesure où il a le monopole de la violence lui permettant d’imposer ses vues, ses erreurs ne sont pas corrigées. En l’occurence, on voit que les lois céréales ont un effet contre-productif qui, sous prétexte d’aider le peuple (pour ceux de leurs partisans qui ne sont pas cyniques), le font souffrir à l’endroit même où il est prétendument protégé.

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