Deux sources fécondes de revenus ont été ouvertes aux cadets: le trésor public et le système colonial.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 20 à 30
Introduction

Frédéric Bastiat nous donne ici une explication intéressante et originale de l’existence du système colonial. On sait que l’argument mercantiliste est d’ouvrir le marché: dans la mesure où les pays entre eux mettaient en place des droits de douane prohibitifs, la conquête de colonies permettait d’ouvrir des débouchés aux produits nationaux et d’acheter les ressources coloniales en métropole. L’explication qu’il nous donne est plus terre à terre: dans la mesure où la noblesse considère le travail comme “infâme”, il fallait pourvoir les cadets de famille avec une situation. La norme était de les placer, soit dans le clergé, soit dans l’armée. La colonisation était un moyen de justifier la levée des armées et leur maintien en place. Ainsi, les colonies n’étaient pas un débouché pour les biens (qui auraient également circulé dans un système de libre-échange) mais un débouché pour placer les cadets de la noblesse, financé par le gouvernement.

Par ailleurs, l’Angleterre avait alors expérimenté avec la décolonisation de l’Amérique. Frédéric Bastiat montre, chiffres à l’appui, que l’argument mercantiliste ne tient pas debout et que le commerce entre l’Angleterre et les Etats-Unis (ainsi qu’entre l’Angleterre et la France) a progressé de manière beaucoup plus importante depuis l’indépendance qu’entre l’Angleterre et ses 45 colonies du moment.

Frédéric Bastiat était convaincu que la libéralisation en cours en Angleterre conduirait à la décolonisation. Il était peut-être un peu trop optimiste sur les délais (il a fallu un siècle pour y parvenir) mais il n’avait pas tort sur ce point. Il nous donne ici tous les arguments justifiant son point de vue.

Pages 1 à 6 – Pages 6 to 20 – Pages 20 à 30 – Pages 30 à 38 – Pages 38 à 56 – Pages 56 à 72 – Pages 72 à 80