XXVI. LA LIGUE ANGLAISE ET LA LIGUE ALLEMANDE

L’Allemagne ne peut attribuer la prospérité qui s’en est suivie à l’œuvre simultanée de deux principes qui se contredisent.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 141 à 147
Décembre 1845

Dans cet article du Journal des Economistes, Frédéric Bastiat répond à La Presse qui fait un descriptif dithyrambique de la mise en place du Zollverein puis explique ensuite comment il aurait été judicieux de ne pas l’appliquer à la production et l’importation de sucre.

La première partie soulève la problématique de la corrélation et de la causalité. Si la prospérité qui a suivi la mise en place du Zollverein est avérée, La Presse l’attribue aux barrières à l’entrée qui ont été créées tandis que Frédéric Bastiat l’attribue à la suppression des barrières intérieures en Allemagne. La situation est résumée par la métaphore suivante: “L’Allemagne avait les deux bras garrottés; le Zollverein est survenu qui a dégagé le bras droit (commerce intérieur) et gêné un peu plus le bras gauche (commerce extérieur)”. Même en cas de désaccord sur le lien de causalité qui a conduit à la prospérité, il est pour le moins incongru de l’attribuer au bras gauche!

Mais La Presse ne s’arrête pas là: elle pousse la contradiction jusqu’à prendre l’exemple de la protection sur le sucre (dont l’objectif était la production du sucre de betterave pour se substituer aux importations du sucre de canne) qu’elle dénonce comme une erreur. Frédéric Bastiat est évidemment d’accord avec cette dénonciation. Il montre qu’elle s’applique tout autant au fer français qui se substitue au fer étranger, soutenant ainsi son argument en faveur du libre-échange et son analyse, selon laquelle les bénéfices du Zollverein ne découlent pas des droits de douane fermant le marché allemand mais de la suppression des restrictions intérieures entre les différents états constituant l’empire.

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