Il est plus facile d’obtenir le maintien d’une réforme déjà réalisée que le renversement d’un abus.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 58 à 63
27 décembre 1846
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une suspension des droits de douane (à l’exception du port de Bayonne) sur les blés* en raison de récoltes malheureuses cette année-là. Après avoir signalé l’absurdité qu’il y a à supprimer les droits partout sauf à Bayonne, Frédéric Bastiat se réjouit de ce que le gouvernement met en place un libre-échange partiel sur les céréales au moment où ils devrait au contraire les maintenir si il était cohérent sur ses objectifs. En effet, il montre qu’il peut y avoir quatre situations d’abondance et de faible récolte entre la France et l’étranger et que celle qui justifie le soutien au producteur (et la lutte contre “l’invasion” étrangère des blés) est justement celle dans laquelle on se trouve, à savoir, abondance à l’étranger et mauvaise récolte en France.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la citation du jour. Ce qui est souligné ici est d’un ordre plus général que la seule loi-céréales. Toutes les mesures qui vont à l’encontre de la liberté commerciale créent des situations où certains bénéfices particuliers sont mis en place. Il devient alors très difficile de les supprimer sans que les bénéficiaires soient vent debout contre la réforme. Mais lorsque la réforme a été mise en place, il est aisé de la conserver. On retrouve ici la problématique des bénéfices concentrés et des coûts diffus qui sera dénoncée dans l’Introduction à la Première Série des Sophismes Economiques.
* “Au moment où nous écrivons, les ports de France sont ouverts aux céréales du monde entier”. C’est incohérent avec le texte suivant du 8 mai 1847: je ne me l’explique pas.