LETTRES A M. CALMETES

Vainement dira-t-on que l’intérêt d’un homme est en opposition avec celui d’un autre; selon moi c’est une erreur grave et anti-sociale.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 11
Lettre de juillet 1829

La citation est intéressante par ce qu’elle nous force à la réflexion. En effet, que l’intérêt d’un homme soit en opposition apparaît comme une évidence pour laquelle on peut trouver des illustrations quotidiennes. C’est vrai en surface, ne serait-ce que dans nos échanges quotidiens: comment une transaction pourrait se faire si l’acheteur et le vendeur avaient le même intérêt?

Si Frédéric Bastiat pense que c’est une erreur grave et anti-sociale, c’est qu’il donne une dimension beaucoup plus importante au terme “intérêt” que les raccourcis du langage quotidien tendent à nous faire accepter. Comme l’écrivait Adam Smith, c’est l’intérêt personnel du boulanger qui nous apporte le dîner mais la seule façon pour lui de servir son intérêt personnel est de servir le nôtre en répondant à nos besoins. En cela, nos intérêts ne sont pas en opposition et la société bénéficie de cet état de fait (d’où l’idée que des intérêts antagonistes seraient anti-sociaux).

L’homme est un animal social et son aspiration au bonheur est mieux servie en respectant l’aspiration au bonheur de ses congénères qu’en s’y opposant.

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