X. L’ALGÉRIE.

Mais je ne puis retenir une observation générale. C’est que la présomption est toujours défavorable aux dépenses collectives par voie d’impôts.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome V, pages 379 à 383
Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.

S’il précise qu’il s’agit d’une présomption, c’est qu’il existe en effet des dépenses collectives qu’il est plus efficace de faire par voie d’impôts (il cite, entre autres, le douanier): ce sont les biens publics (que l’on définit comme étant les biens non-rivaux et non-exclusifs). Pour tous les autres biens et services, il est parfois nécessaire ou souhaitable pour des raisons politiques d’engager la dépense collectivement par voie d’impôts mais ne nous y trompons pas, c’est économiquement moins efficace. Il n’est pas possible qu’un bureaucrate à Paris ou Bruxelles sache mieux que moi comment dépenser mon argent, or la dépense par voie d’impôts, c’est la dépense de l’argent du contribuable par un bureaucrate.

C’est à l’occasion des débats sur la colonisation de l’Algérie que Frédéric Bastiat nous rappelle cette vérité car, à l’époque, les partisans de la colonisation tentaient d’utiliser des arguments économiques pour justifier leurs conquêtes et les dépenses associées. En tant qu’avocat de la liberté, il ne pouvait pas être favorable à la colonisation mais entendre des arguments économiques fallacieux pour justifier cette injustice, c’était plus qu’il ne pouvait supporter. Il montre facilement comment les coûts de la colonisation sont supérieurs aux bénéfices attendus, et ce, sans prendre en compte le coût de la décolonisation qui aura lieu cent ans plus tard (il l’avait entraperçu en mentionnant le soldat posté pour protéger le colon mais ne pouvait pas deviner toutes les horreurs que nous a apporté le XXème siècle).

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