[Les services privés] ont toujours pour eux la présomption d’utilité réelle, exactement mesurée par leur valeur comparative.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome V, pages 356 à 363
Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.
Ce sixième pamphlet de la série “Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas” est d’une importance capitale pour la compréhension du rôle des prix dans une économie de marché. Frédéric Bastiat met en lumière la différence qu’il y a entre des services privés coordonnés par les prix et des services publics coordonnés de manière politique. Il montre également que substituer un service privé par un service public ne fait pas disparaître les coûts de manière magique et que “Quand l’estomac qui a faim est à Paris et que le blé qui peut le satisfaire est à Odessa, la souffrance ne peut cesser que le blé ne se rapproche de l’estomac.” On voit poindre ici les arguments exposés de façon magistrale par Friedrich von Hayek dans son discours donné à l’occasion du Prix Nobel 120 ans plus tard .
Autre point intéressant en ce qui concerne la coordination par les prix et l’affirmation selon laquelle le marché libre fait de la société une association est cet extrait qui en rappelle d’autres: “Pour qu’un homme puisse, en se levant, revêtir un habit, il faut qu’une terre ait été close, défrichée, desséchée, labourée, ensemencée d’une certaine sorte de végétaux; il faut que des troupeaux s’en soient nourris, qu’ils aient donné leur laine, que cette laine ait été filée, tissée, teinte et convertie en drap; que ce drap ait été coupé, cousu, façonné en vêtement. Et cette série d’opérations en implique une foule d’autres; car elle suppose l’emploi d’instruments aratoires, de bergeries, d’usines, de houille, de machines, de voitures, etc.”
Les férus d’économie auront reconnu le thème de “l’étoffe de laine” qu’Adam Smith avait décrite 80 ans plus tôt dans ses Recherches sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations (livre 1, chapitre 1, page 12 vol.1 traduction de 1788) ou le thème du crayon que Leonard Read a révélé 110 ans plus tard avant qu’il ne soit exposé de manière pédagogique par Milton Friedman et rendu disponible sur YouTube.