VII. RESTRICTION.

Que parle-t-on de travail et d’économie? disaient-ils. A quoi bon ces pénibles moyens d’augmenter la richesse nationale, puisqu’un Décret y suffit?

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome V, pages 363 à 368
Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.

En narrant la petite histoire de M. Prohibant, Frédéric Bastiat soulève un certain nombre de problèmes éthiques liés au protectionisme en plus de démontrer comme il a pu le faire ailleurs, pourquoi c’est économiquement néfaste. En tout état de cause, il considère que remplacer la spoliation forcée par un individu par la spoliation légalisée conduite par l’Etat ne la rend pas moins immorale.

La citation que je relève va au-delà de cette problématique et se trouve être d’une grande actualité en ces temps où les Banques Centrales se sont lancées avec joie dans ce qu’il convient d’appeler la planche à billet, même si ils l’ont nommée “Quantitative Easing” et caressent l’idée d’une “Modern Monetary Policy” qui s’apparente plutôt à une “Magic Money Theory”. Malheureusement, Bastiat se trompe quand il écrit que “si le décret avait fait descendre cet écu de la lune, ces bons effets ne seraient contre-balancés par aucuns mauvais effets compensateurs”, ce qui constitue l’argument essentiel des promoteurs de la MMT. A l’époque, la production de monnaie était nécessairement restreinte par la quantité de métal disponible, ce qui limitait les risques d’inflation. Avec la monnaie scripturale aujourd’hui, les banquiers centraux peuvent s’en donner à cœur joie, comme si la monnaie tombait de la lune, mais cela révèle une incompréhension des mécanismes monétaires qui relient la monnaie à l’économie, à savoir la production de biens et services pour le bénéfice de la population: cette dernière peut être entravée par décrets mais ne peut pas être ordonnée ainsi.

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