58. – DEUX PERTES CONTRE UN PROFIT.

Car Monsieur, je crois avoir observé et vous aurez peut-être observé comme moi que, malgré le grand mépris que les individus et les peuplent affichent pour le gain, il y renoncent difficilement.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 384 à 391
Sophismes Economiques, Troisième série

Cette citation hors contexte dénonce un peu l’hypocrisie de ceux qui prennent une posture vis-à-vis de l’argent qui ne se reflète pas dans leurs actions.

Dans le contexte de l’article, Bastiat l’utilise pour déplorer la cécité de ses concitoyens qui, devraient comprendre que les droits de douane, loin d’apporter de la richesse au pays dans son ensemble comme l’annoncent ses partisans, coûtent deux fois plus cher qu’il n’y paraît.

Dans sa démonstration, Bastiat fait intervenir un coutelier et un gantier pour montrer comment les droits de douane vont permettre à l’un de prospérer aux dépens de l’autre puis il fait intervenir un libraire qui est totalement ignoré en général, étant celui pour qui l’effet des droits de douane n’est pas immédiatement visible. Ce qui est intéressant, c’est que cela conduit à réfléchir en termes de “ricochets” ou comme a pu le développer plus tard John Maynard Keynes, en termes de multiplicateur. Ne nous y trompons pas: Keynes ne pensait pas multiplier les pains en déshabillant Pierre pour habiller Paul mais en forçant l’utilisation de ressources inutilisées: la compréhension contemporaine qui consiste à croire que si l’Etat dépense en se substituant aux individus, cela va multiplier les richesses, n’aurait pas séduit Keynes plus qu’elle n’aurait séduit Bastiat.

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