Quand on soutient une mauvaise cause, ce qu’il faut surtout empêcher, c’est que la lumière ne se fasse.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 200 à 205
29 janvier 1848
Nouvel article de Frédéric Bastiat à propos de l’escalade militariste en Angleterre sous forme de réponse au Moniteur Industriel qu’il accuse de vivre sur la peur d’une guerre imminente. Ce dernier voit dans cette escalade la preuve des mauvais sentiments des partisans du libre-échange Outre-Manche quand Frédéric Bastiat n’y voit que la preuve que, dans une démocratie, il y a souvent deux écoles qui s’affrontent et que ce n’est pas toujours la même qui parvient à avancer ses idées.
La citation d’aujourd’hui est de portée beaucoup plus grande que le sujet en question: il ne s’agit de rien moins que de la liberté d’expression. En une phrase, il montre pourquoi elle est indispensable. En effet, sans elle, il ne peut y avoir d’opposition au discours dominant, y compris lorsqu’il est dans l’erreur. Le seul moyen de faire ressortir la vérité et de permettre à quiconque d’exprimer son opinion, soit parce qu’il sera possible d’y détecter l’erreur, soit parce qu’il s’agit de la vérité. On voit aussi ici une critique de la censure qui, dans la plupart des cas, n’a que pour seul motif d’empêcher la vérité d’apparaître au grand jour pour la seule raison qu’elle est imposée par ceux qui soutiennent une mauvaise cause.
En ces temps où les gouvernements, sous couvert de dénoncer la “désinformation”, tentent sournoisement de développer la censure, il est bon de se souvenir qu’ils cherchent probablement à masquer leur propre imposture.