Il leur vint à l’idée qu’on pourrait peut-être augmenter les recettes en diminuant les impôts, idée qui semblait impliquer une contradiction choquante.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 186 à 194
21 février 1847
Une fois de plus, Frédéric Bastiat fait preuve d’une remarquable compréhension des phénomènes économiques. Cet article ne décrit rien de moins que la Courbe de Laffer, dessinée sur un coin de table par Arthur Laffer 120 ans plus tard pour expliquer à Richard Nixon que la recette d’une taxe ne dépend pas que de son taux mais de l’assiette également. Une taxe ne génère aucun revenu lorsque son taux est fixé à 0% ou à 100%. Trouver le taux auquel le revenu sera maximal est impossible mais si le taux est trop élevé, le diminuer permettra d’augmenter la recette. Comme souvent en économie, le problème est que seule l’expérience permettrait de définir a posteriori ce que serait le taux optimal, qui varie en fonction de circonstances complexes. Cependant, il est parfois évident que le taux maximal a été dépassé, il faut alors être capable de prendre une décision politique qui apparaît particulièrement risquée pour le Trésor.
Dans cet article, Frédéric Bastiat illustre le phénomène avec les chiffres réels des recettes britanniques de 1836 à 1840 et explique que Sir Robert Peel a bien compris le phénomène en 1841, lorsque la recette diminua suite à une augmentation des taux.
A ma connaissance, personne ne sait à ce jour comment prendre la décision d’augmenter ou diminuer les taux en vue d’optimiser les recettes mais il reste important de comprendre le phénomène dans l’espoir de prendre la bonne décision de temps en temps plutôt que de systématiquement chercher à réduire les déficits budgétaires par l’augmentation du nombre de taxes ou de leur taux.