Si la culture du colza est bonne en elle-même, il n’est pas nécessaire que nous fassions un supplément de gain à ceux qui s’y livrent. Si elle est mauvaise, ce supplément ne la rend pas bonne.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 461 à 480
1er juillet 1846
Après avoir longuement traité de sa philosophie constitutionnelle qui consiste, pour de bonnes raisons, à limiter les pouvoirs du gouvernement, Frédéric Bastiat se penche sur un certain nombre de sujets qu’il croit devoir laisser gérer par la sphère privée (c’est-à-dire, libres de l’intervention gouvernementale). Le premier d’entre eux est la liberté commerciale.
La citation du jour exprime en deux phrases l’essence de la raison pour laquelle les subventions ne devraient pas exister. Il est évident que les subventions favorisent une frange de la population, celle qui produit l’objet subventionné. Mais elles se font nécessairement au détriment de ceux qui la payent, à savoir tous les autres producteurs. Une injustice (une spoliation) est donc créée et la question qu’il reste à résoudre est de savoir si elle peut être justifiée (l’argument selon laquelle une nouvelle industrie ne pourrait pas exister sans aide n’est pas abordé directement).
Nous avons vu dans l’Introduction aux Sophismes Economiques la problématique de la protection dont bénéficient les uns au détriment des autres mais Frédéric Bastiat va ici plus loin: le prix de marché est le seul élément informationnel qui permet d’optimiser la production de richesses d’un pays. Ce que fait une subvention, c’est de fausser ce prix de marché (et donc de supprimer l’information nécessaire à l’optimisation dans l’utilisation des ressources) selon les lubies du gouvernement alors qu’elle est soit inutile au producteur, soit simplement néfaste.