A M. GEORGE WILSON, PRESIDENT DE L’ANTI-CORN LAWS LEAGUE

Je m’arrête: ma lettre prendrait des proportions inconvenantes, si je voulais y signaler tous les fruits dont le libre échange est le germe.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 412 à 416
15 janvier 1849

Deux ans avant sa mort le 25 décembre 1850, Frédéric Bastiat doit déjà renoncer à un voyage à Manchester pour raisons de santé. Il décline dans cette lettre à George Wilson l’invitation qui lui est faite de participer au banquet du 31 janvier 1849 en vue de célébrer l’application de l’abolition des lois céréales le 1er février. Non sans regrets, c’est évident.

Le premier ouvrage de Frédéric Bastiat était Cobden et la Ligue: il est clair que c’est ce combat anglais pour le libre échange qui l’a mis en selle pour faire de lui un journaliste puis un député et l’a conduit à écrire au cours des cinq dernières années de sa vie ce qui constitue aujourd’hui ses Œuvres Complètes qui l’ont fait passer à postérité. Il exprime dans cette lettre son admiration pour ce qu’a réussi à faire la ligue et indique que l’abolition des lois céréales n’en est que la première application directe. Les démonstrations économiques qui ont été faites en faveur du libre-échange constituent selon lui les bases d’immenses progrés à venir, que ce soit l’abolition de l’esclavage, la décolonisation, la fin des révolutions et la paix dans le monde. Conscient de sa disparition proche, il annonce que “ce sera donc à un autre d’accomplir l’œuvre que j’avais rêvée; et puisse-t-il se lever bientôt!”.

Depuis, de formidables défenseurs de la liberté ont poursuivi son combat, tels Ludwig von Mises, Friedrich von Hayek ou Milton Friedman mais leurs succès sont restés limités: l’œuvre dont Frédéric Bastiat avait rêvée reste à accomplir: elle ne sera pas accomplie par un seul homme mais s’il s’en lèvent suffisamment à une époque future, elle ne sera pas hors de portée.