60. PRENDRE CINQ ET RENDRE QUATRE CE N’EST PAS DONNER

Si maladia opiniatria non vuit se guarire quid ilii facere? Purgare, saignare, clysterisare, repurgare, resaignare, reclysterisare.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 240 à 242
Jacques Bonhomme, 15 juin 1848

Frédéric Bastiat utilise à nouveau une formule latine à la manière de Molière comme il l’avait fait deux ans plus tôt pour se moquer des remèdes que l’on tente d’apporter au mal de l’Etat. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le latin, la citation d’aujourd’hui pourrait se traduire par: “Si le mal de l’opinion ne veut pas se guérir, que faire? Purger, saigner, clystériser, repurger, resaigner, reclystériser”.

Le mal en question est de croire que l’Etat peut aider tout un chacun comme il le dénoncera trois mois plus tard dans son essai le plus célèbre, l’Etat. Le mal de l’opinion dont il est question ici est de croire que l’Etat doit être au service des citoyens sur tout et pour tout en répondant systématiquement à leurs attentes, aussi illégitimes soient-elles. Déjà en 1848, la population exigeait du gouvernement qu’il finance les intérêts particuliers dans l’espoir pour chacun d’être celui qui recevra plus qu’il ne donne. Or le mécanisme de l’impôt fait que d’un point de vue macro-économique, la population reçoit nécessairement moins qu’elle ne donne. La solution dont se moque Frédéric Bastiat, c’est l’approche classique du gouvernement qui, constatant que sa “solution” ne résout pas les problèmes, il convient d’en augmenter la puissance (prélever plus d’impôts afin d’augmenter la redistribution). Or on sait maintenant que lorsqu’on saigne un malade sans le guérir, la solution n’est pas de le saigner à nouveau.

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