22. DU CHEMIN DE FER DE BORDEAUX A BAYONNE

Il ne suffit pas de constater le fait, il faut encore le rattacher à sa cause.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 103 à 108
Mémorial bordelais, 19 mai 1846

Dans cet article, Frédéric Bastiat se penche sur le projet de ligne de chemin de fer entre Bordeaux et Bayonne. En filigrane, on peut observer un des problèmes soulevé plus tard par l’école du choix public au XXème siècle qui dénonce le processus décisionnel gouvernemental qui ne s’attache pas nécessairement au profit pour faire des choix économiques. La question ici est de prendre une décision pour le tracé du chemin de fer à venir et Frédéric Bastiat s’insurge contre les motifs avancés pour l’un plutôt que pour l’autre (sans prendre position sur la décision elle-même).

Ce que la citation d’aujourd’hui montre, c’est que l’analyse d’une situation ne peut se reposer sur un raisonnement simplificateur. S’il ne s’agit pas vraiment ici d’une confusion entre corrélation et causalité (erreur classique qu’il dénoncera dans le pamphlet Post Hoc, Ergo Propter Hoc), il nous rappelle qu’il ne suffit pas de constater un fait pour en tirer des conclusions (un fait permet de valider, ou surtout d’invalider, une hypothèse mais n’a pas de valeur en soi). En l’occurence, le fait indéniable d’une diminution de la population pour justifier de ne pas construire de ligne de chemin de fer qui ferait un détour ne suffit pas car cette situation a été créée par la politique économique protectionniste du gouvernement qu’il espère bien voir abrogée un jour. Accepter ce fait comme inéluctable, c’est refuser d’en comprendre la cause qui, étant artificielle et injuste, ne peut pas être utilisée comme justification.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *