Notre tarif actuel est calculé pour un ordre de choses qui évidemment va cesser.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 99 à 103
Journal des Débats, 11 mai 1846
Dans cette deuxième lettre Journal des Débats, Frédéric Bastiat montre comment la baisse des droits de douane en Angleterre ne peut être “combattue” par une hausse des droits de douane en France. Il imagine un exemple chiffré qui montre que le gain de productivité dont va bénéficier l’Angleterre sera répercuté sur les prix de vente, ce qui améliorera la compétitivité des produits anglais. Les produits français n’étant pas compétitifs mais pouvant n’être vendus que grâce à la protection des droits d’entrée, vont devoir réclamer une hausse de ces droits. Or, la hausse des droits nécessaire est disproportionnée par rapport aux gains de productivité (dans l’exemple fictif, un gain de 25% sur le prix anglais réclame un doublement du taux des droits protecteurs), ce qui rend la protection de plus en plus injuste, jusqu’à devenir insupportable.
La citation d’aujourd’hui traduit le fait que l’économie d’un pays n’est pas figée mais dynamique, même si certains raisonnements réclament d’analyser un “équilibre” économique à l’instant T. L’ordre émergent cher à Friedrich Hayek repose sur cet état de fait: une politique économique se base sur l’hypothèse d’une situation statique qui sera modifiée par cette politique même (et d’autres facteurs). L’arrogance des constructivistes est de penser soit que leurs objectifs étant atteints (déjà une hypothèse osée), il n’y aura pas d’ajustements imprévus menés par les différents acteurs économiques, soit qu’ils seront capables d’adapter leur politique auxdits ajustements. C’est prétentieux dans la mesure où les effets de bord se multipliant dans un système économique complexe, ils seront rapidement débordés par la réalité.
Première lettre – Deuxième lettre