La douane n’est pas seulement un instrument fiscal, elle doit être encore et surtout un moyen de protéger l’industrie.
Napoléon Bonaparte, cité par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 71 à 77
Courrier français, 11 avril 1846
Cet article réagit à un article paru dans le Constitutionnel annonçant d’une part le ralliement d’Adolphe Thiers aux rangs des protectionnistes et accusant d’autre part les libéraux de se fourvoyer sur l’étendue de la réforme des droits de douane en Angleterre. Ce pays continue de percevoir “des douanes un revenu de 450 à 500 millions de francs”, ce qui semble constituer pour le Constitutionnel la preuve que les réformes ne sont pas aussi libérales qu’annoncé. Il cite les droits sur le “tabac, le thé, les eaux de vie, les vins” particulièrement élevés en soutien de cette thèse.
Frédéric Bastiat dénonce l’erreur qui consiste à confondre le droit fiscal (destiné à remplir les caisses de l’Etat) et le droit protecteur (qui augmente le prix des produits au bénéfice des industriels) comme il le précisera encore dans sa réponse au National un an plus tard. La citation d’aujourd’hui constitue l’essence du désaccord entre Napoléon Bonaparte et Jean-Baptiste Say dont le Traité d’Economie Politique publié en 1803 ne put être réédité qu’en 1814. Les protectionnistes voient la douane comme un moyen de mener une politique permettant d’octroyer des privilèges à certains industriels alors que les libéraux ne l’acceptent que dans la mesure où c’est un moyen comme un autre de collecter l’impôt qui est destiné à bénéficier la société toute entière.