Une fois l’Etat maître de tout, il ne s’agira plus que de se rendre maître de l’Etat.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 20 à 29
1845
Cet article non publié fait suite à un article sur le même sujet publié en décembre 1845 qui dénonce l’approche constructiviste. S’agissant de la problématique du crédit trop faible accordé à l’agriculture, Frédéric Bastiat montre que ce sont les politiques gouvernementales en faveur de l’industrie (notamment par le truchement des droits de douane visant à favoriser l’exploitation minière et la sidérurgie) qui faussent le développement naturel de l’agriculture en France. Il dénonce ici l’approche constructiviste qui consiste à vouloir sans cesse organiser la société au lieu de laisser l’ordre émergeant cher à Friedrich Hayek se développer. La conséquence en est que, lorsqu’une politique est néfaste, la “solution” apportée est de créer une nouvelle politique “corrective” au lieu de supprimer la première politique. C’est sans fin et l’article montre bien qu’après l’agriculture, c’est au sujet des manufactures que le gouvernement veut apporter de nouveaux encouragements. On vit là dans un monde de licornes où toutes les faiblesses doivent faire l’objet d’une nouvelle politique, indépendamment de la réalité économique sous-jacente.
La citation d’aujourd’hui est une critique directe des constructivistes qu’il accuse de vouloir augmenter le rôle de l’Etat au détriment de la liberté sans cohérence de l’action politique. L’objectif inavoué des constructivistes étant de s’emparer du pouvoir, l’augmentation du pouvoir de l’Etat ne pourra que leur être bénéfique lorsque le jour viendra où ils auront atteint leur but. Ce biais se fait douloureusement ressentir de nos jours où le poids de l’Etat a pris des proportions absolument gigantesques et où la politique n’est plus qu’une lutte de pouvoir entre les différents groupes constructivistes cherchant à prioriser chacun leurs propres lubies après avoir distribué les places aux copains et aux coquins.