COBDEN ET LA LIGUE

Il me semble qu’il nous est commandé de faire aux autres ce que nous voudrions qui nous fût fait.

Joseph Brotherton, traduit par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 118 à 144
Drury Lane, 5 avril 1843

Ce sont trois discours de MM. Joseph Hume, Joseph Brotherton et Thomas Milner Gibson qui sont repris de ce meeting du 30 mars.

Le premier discours, de Joseph Hume, permet d’entrevoir l’aspect politique du travail de la ligue dans la mesure où c’est une fenêtre ouverte sur les délibérations des uns et des autres. Il y cite notamment Edward Everett, le ministre plénipotentiaire de l’Union Américaine se plaignant de ce que des denrées agricoles américaines pourrissent sur le port de la Nouvelle Orléans quand elles pourraient être échangées contre des vêtements et des outils anglais dont ont besoin ses compatriotes. Il y fait également référence à Robert Peel qui a commencé à se rapprocher de la cause du libre-échange, ayant “proclamé le principe, il ne lui reste qu’à l’appliquer pour assurer au pays une paix solide et une prospérité durable”.

Le deuxième discours est de Joseph Brotherton et porte sur le principe de justice que constitue le libre-échange. J’en extrait la citation d’aujourd’hui qui fait référence à la parole du Christ selon Saint Matthieu et Saint Luc qui sera reprise dans le chapitre Justice et Fraternité par Frédéric Bastiat. Dans ce discours, l’orateur présente également une anecdote illustrant comment la justice peut être corrompue par l’argent quand il dit: “Il écrivit ce mot et demanda: Qu’est-ce que cela signifie? Un des ministres s’écria: Justice. Le gentleman posa une guinée sur le mot et dit: Que voyez-vous maintenant? et le ministre répondit: Rien. – car l’or lui interceptait la vue”.

Le troisième discours, de Thomas Milner Gibson, se focalise sur les aspects économiques et fiscaux du commerce international, du protectionisme et du libre-échange. Je relève en particulier son attaque: “Il est un autre sophisme qui a fait son entrée dans le monde sous le nom de traités de commerce”. En effet, je trouve malheureux que ces derniers qui ont pris une place prépondérante dans le commerce mondial depuis lors continuent à être considérés par une immense majorité de la population et par les hommes politiques comme un élément incontournable du “libre-échange”. Thomas Milner Gibson dénonce ici le concept de “réciprocité”, idée qui sera reprise par Frédéric Bastiat dans la première série des Sophismes Economiques sous le titre Réciprocité.

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