L’égalisation par l’impôt est beaucoup plus dangereuse que celle de l’égalisation par le libre-échange.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 222 à 225
4 avril 1847
Je ne suis pas familier de la situation des taxes sur le sucre au XIXème siècle mais si je comprends bien, alors que la production du sucre de betterave (indigène) a été favorisé sous Napoléon Bonaparte, la restauration est revenue sur ce point. Je retrouve une taxe de 10 francs par quintal en 1837 mais ne suis pas sûr de comprendre si elle s’appliquait également pour le sucre des Antilles. En tout état de cause, il semble que la fiscalité n’était pas favorable au sucre de betterave en 1847 mais sa production ne s’était alors pas éteinte au profit du sucre importé (y compris des colonies). Il n’était donc pas protégé et les les partisans du libre-échange utilisait le sucre comme illustration du succès de l’absence de taxes, nonobstant les cris d’orfraie des protectionnistes qui prédisaient la mort de l’industrie si les droits de douane qui les favorisaient devaient être abolis.
Frédéric Bastiat en profite ici pour expliquer comment le libre-échange serait encore plus favorable à la production que ne l’ont été les évolutions des taxes sur le sucre (l’absence de protection a stimulé l’innovation et la concurrence de la betterave et de la canne à sucre a permis le développement de la consommation de sucre). Il montre comment l’égalisation par les taxes (ce que font les droits de douane en haussant le prix du produit le plus compétitif) n’est pas équivalente à l’égalisation par l’absence de taxes (obligeant le produit le moins compétitif à le devenir). Il explique comment la formation d’un prix de marché se fait en plusieurs étapes: la diminution du prix entraîne une augmentation de la demande qui tire à nouveau le prix vers le haut. Parallèlement, un libre-échange généralisé permet de réduire les coûts de production. La taxe, elle, élimine tous ces phénomènes d’ajustement et ne permet donc pas d’optimiser la production.