XXXIX. PARESSE ET RESTRICTION

Il est possible que cela réussit. Mais est-ce là la mission des gouvernements?

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 219 à 221
16 janvier 1848

Frédéric Bastiat répond ici à un lecteur qui reconnaît les méfaits du protectionnisme mais s’interroge sur ses bienfaits éventuels (dans l’hypothèse, motiver le travailleur paresseux à produire plus, pour son propre bien et celui de la société).

La citation d’aujourd’hui montre que la fin ne justifie pas toujours les moyens. En effet, après avoir mis en doute le fait qu’un calcul de coûts/bénéfices de la situation soit positif, il va plus loin en émettant l’hypothèse que ce calcul soit effectivement positif. En l’absence d’une réflexion sur le rôle de l’Etat et les dangers que représenteraient un pouvoir autocratique donné à quelques individus, il apparaîtrait logique d’accepter la mise en place une politique qui serait bénéfique. Frédéric Bastiat nous met en garde ici contre l’absence de Constitution limitative ou ce que pourrait être une dictature de la majorité. Non, ce n’est pas parce que le résultat d’une action est bon qu’elle est légitime. 

Il est absolument indispensable d’encadrer le pouvoir du gouvernement pour éviter les dérives. Sa mission doit être précisée et il ne doit pas avoir le pouvoir de faire tout ce qui passe par la tête des présidents, ministres ou députés. Dans le cas présent où l’idée serait de lutter contre la paresse des uns, si la solution proposée peut paraître acceptable (elle ne l’est pas), rien ne garantit qu’autoriser le pouvoir à adopter une solution lui permettra d’adopter la meilleure (ou la moins pire – éliminer la paresse pourrait tout autant se faire par l’extermination des paresseux: des “solutions” de ce type ont été tentées au XXème siècle pour des maux similaires).

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