Acheter ou prêter, voilà les deux seuls moyens de se défaire de l’argent.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 164 à 168
8 mai 1847
Voici en quatre pages une petite leçon de macroéconomie sur la circulation de la monnaie. Suite aux mauvaises récoltes en Angleterre et en France, d’énormes quantités de blé ont été importées et les protectionnistes se sont inquiétés de la sortie du numéraire (balance commerciale “déficitaire”) qui a pu être observée car les russes ne se sont pas immédiatement mis à importer des produits en échange. Cependant, ces derniers se trouvant assis sur d’immenses quantités d’or (il est fait mention de cent millions), ont rapidement renvoyé cet or sous la forme d’investissements. Ce fut alors une nouvelle occasion pour les protectionnistes de s’inquiéter, non pas du retour de l’or (balance des capitaux “excédentaire”) mais du fait qu’il allait falloir payer des intérêts (et donc en faire sortir de nouveau).
Ce que Frédéric Bastiat montre ici, c’est qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter de la sortie ou de l’entrée du numéraire qui ne font que refléter la situation économique sous-jacente. Le problème initial était la mauvaise récolte, c’est un fait sur lequel les hommes politiques n’ont pas prise. La question reste donc de savoir si il est souhaitable d’ouvrir les frontières pour pallier aux difficultés (faire entrer le blé quand il manque, faire entrer l’or quand il se raréfie) ou pas. Bien entendu, le libre-échange prône cette solution.
Il est malheureux de constater que ces questions n’ont toujours pas été comprises aujourd’hui lorsque les protectionnistes tels Donald Trump continuent de pester sur la balance commerciale alors qu’il s’agit d’un non-sujet, ce qu’avait compris Adam Smith il y a maintenant 250 ans!