On réclame le privilège pour quelques-uns; je viens réclamer la liberté pour tous.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 231 à 243
Avril 1834
Les idées avancées dans ce texte seront reprises dans la première série des Sophismes Economiques au chapitre XXI. En réponse aux tentatives de M. De Saint-Cricq d’imposer un régime protectionniste complet en France, des marchands et manufacturiers de Bordeaux, Le Havre et Lyon ont préparé des pétitions pour réclamer une exemption sur leurs propres intérêts. Leur demande était de différencier les droits de douane sur les matières premières (leurs coûts) et les produits manufacturés (leurs revenus). C’est bien entendu soit absurde soit inique, et cela fit réagir immédiatement Frédéric Bastiat.
Il montre en détaillant les arguments des pétitionnaires (l’essentiel étant que les matières premières ne favoriseraient pas le travail tandis que leurs affaires le feraient) qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre l’une et l’autre position et que la proposition des pétitionnaires est en fait encore plus malfaisante que celle du gouvernement. En effet, leur pétition se résume à leur octroyer un privilège dont le coût serait supporté par le reste de la population.
Dans ce texte, on voit que l’erreur consistant à associer la valeur au travail est encore présente: Frédéric Bastiat affinera plus tard sa pensée pour substituer le terme “service” au terme “travail”. Cependant, cela n’enlève rien à la logique du texte qui montre une profonde compréhension sur la valeur des échanges, internationaux ou pas.
La citation du jour souligne que le problème essentiel est le refus de l’égalité de traitement des différents acteurs et que la solution est d’étendre la liberté à tous plutôt qu’à quelques-uns.