On a exigé de l’Etat qu’il fit directement le bonheur des citoyens.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 177
Lettre du 27 juin 1848
C’est à l’issue des Journées de Juin que Frédéric Bastiat écrit cette lettre à Richard Cobden. S’il s’émeut de la tragédie qui vient de se dérouler (plusieurs milliers de morts en quatre jours à Paris), il cherche à en expliquer la raison profonde (la raison immédiate étant la fermeture des Ateliers Nationaux, triste expérience politique ignorant les réalités économiques).
La citation d’aujourd’hui résume plutôt bien son sentiment. Le problème essentiel, c’est que l’on fait porter la responsabilité de quelque chose (ici, le bonheur) à quelqu’un ou à une institution (ici, l’Etat) qui ne peut pas l’assumer (ici, le bonheur ne peut être trouvé que par chaque individu quand la législation ne peut qu’interdire ou imposer).
Le Journal des Economistes du 15 juin 1848 (soit avant les Journées de Juin) avait publié un pamphlet Justice et Fraternité qui portait précisément sur ce thème de l’impossibilité pour le gouvernement de conduire une politique fraternelle comme l’espéraient les révolutionnaires. J’en avais notamment extrait la citation suivante: “Nouvelles exigences de la part du public, nouvelles taxes de la part de l’État, nous ne pouvons que marcher de révolution en révolution”. L’histoire qui a suivi nous a montré que, malheureusement, Frédéric Bastiat était assez proche de la vérité mais qu’il n’a jamais vraiment été entendu sur ce point.