LETTRES A M. FELIX COUDROY

Les hommes du pouvoir ne s’occupent absolument que de le conserver.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 54
Lettre du 5 juin 1845

Frédéric Bastiat n’était pas blasé au point de ne pas qualifier la citation reprise ici qui en fait commence par “on assure que”. Cependant, il me paraît clair qu’il observait déjà cette tendance à l’époque et n’aurait pas adhéré au romantisme actuel qui fait qu’une partie non négligeable des électeurs idéalise la démocratie en accordant aux élus une intégrité qu’ils n’ont pas toujours (et c’est un euphémisme).

Cette lettre du 5 juin 1845 est par ailleurs historiquement intéressante pour quiconque s’intéresse à Bastiat car il y évoque ses discussions avec Guillaumin en vue de la publication d’une série de Sophismes Economiques et qu’il annonce à son ami Félix Coudroy qu’ensuite, il lui faudrait écrire et publier les Harmonies Sociales qui deviendront les Harmonies Economiques. Selon lui, ce dernier ouvrage aurait “la plus grande utilité, parce qu’il satisferait le penchant de notre époque à rechercher des organisations, des harmonies artificielles, en lui montrant la beauté, l’ordre et le principe progressif dans les harmonies naturelles et providentielles”. En cela, il précède Friedrich Hayek, fier défenseur de l’ordre émergent.

Cet objectif qu’il attribue aux Harmonies peut paraître ambitieux (il ne s’agit de rien de moins que de convaincre ses adversaires politiques qu’ils se trompent) mais son optimisme est justifié par ce qu’il reporte avoir appris de M. Raoul Duval, à savoir que les manufacturiers de Reims se sont laissés convaincre par son article sur les droits de douane alors qu’il s’agit d’un bastion du protectionisme.

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