LETTRES A M. FELIX COUDROY

Il n’y a qu’une chose dont le public ne veut pas s’occuper, c’est des affaires publiques.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 54
Lettre du 23 mai 1845

La citation d’aujourd’hui fait suite à un petit succès politique associé à une déception que Frédéric Bastiat connut à son arrivée à Paris. Les détails ne sont pas précisés car “ce serait trop long à raconter”.

Je trouve cette citation intéressante de deux points de vue: le premier porte sur le rôle de l’Etat. Frédéric Bastiat était partisan d’un pouvoir gouvernemental limité aux fonctions régaliennes et, alors qu’à son époque le poids de l’Etat était largement inférieur à ce qu’il est de nos jours, il s’inquiétait de ce qu’il s’immisçait dans ce qui aurait dû être relégué aux affaires privées.

Le deuxième aspect de cette citation est qu’elle révèle la raison pour laquelle c’est un problème: le public ne voulant pas s’occuper d’affaires publiques annonce le capitalisme de connivence dans lequel nous baignons. Les élus, malgré tout le romantisme qu’on peut leur prêter quand on est jeune et sort de l’adolescence, ne sont pas au service du peuple en priorité mais au service d’eux-mêmes et d’intérêts privés bien compris avant tout. La honte-ectomie dont ils ont fait l’objet leur permet d’annoncer avec le sourire que leur préoccupation est avant tout de servir la France mais il apparaissait clairement dès 1845 qu’il n’en est rien. Seuls les naïfs croient encore ce qu’ils disent plutôt que d’observer ce qu’ils font.

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