I. ORGANISATION NATURELLE, ORGANISATION ARTIFICIELLE

Il y a loin d’une organisation sociale fondée sur les lois générales de l’humanité à une organisation artificielle, imaginée, inventée, qui ne tient aucun compte de ces lois, les nie ou les dédaigne, telle enfin que semblent vouloir l’imposer plusieurs écoles modernes.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VI, pages 23 à 44
Harmonies Economiques

Ce premier chapitre des Harmonies Economiques est primordial pour comprendre une des différences fondamentale entre les libéraux et les adeptes du centralisme démocratique.

Un des concepts essentiels de l’économie de marché y est repris selon la méthode présentée par Adam Smith avec son allégorie du manteau de laine et qui sera repris par Leonard Read avec son célèbre essai Le Crayon (en anglais), présenté de manière magistrale par Milton Friedman (sous-titres en français). Le prix de marché est l’outil de coordination qui permet aux hommes de coopérer à l’échelle planétaire et sur une durée indéfinie. Comprendre cela aboutit généralement à la conviction que l’économie est un système complexe (adjectif que j’utilise pour ne pas utiliser “compliqué” qui permettrait de croire qu’il existe une “solution” au “problème économique”), ce que les centralisateurs adeptes d’une organisation artificielle refusent de voir, eux qui ont la prétention de pouvoir “gérer” la société. Ce dernier point rappelle l’école du choix public qui apparaîtra un siècle plus tard avec James Buchanan et Gordon Tullock qui part de l’opposition à ce principe dénoncé par Frédéric Bastiat: “la société telle qu’ils la conçoivent sera dirigée par des hommes infaillibles et dénués de ce mobile, — l’intérêt”.

Pour conclure, j’oserais dire que cette introduction aux Harmonies Economiques nous montre que Frédéric Bastiat avait compris ce sur quoi Ludwig von Mises et Friedrich Hayek insisteront plus tard avec simplicité, à savoir que l’ordre spontané est “le résultat de l’action humaine mais non de l’exécution d’un dessein humain” (la citation serait d’Adam Fergusson en 1767, soit avant la naissance de Bastiat qui devait en avoir connaissance).

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