Car la canalisation de la Garonne favorisera, au préjudice de Bordeaux, l’invasion des produits toulousains, et, au détriment de Toulouse, l’inondation des produits bordelais.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome IV, pages 92 à 93
Sophismes Economiques, Première série
Ce n’est pas sans rappeler la fable de Stulta et Puera que Bastiat met en parallèle les problématiques économiques auxquelles font face l’Espagne et le Portugal avec celles auxquelles font face Bordeaux et Toulouse.
C’est grâce à ce parallèle qu’il dénonce en filigrane l’opposition au libre-échange, rappelant que les phénomènes économiques n’ont que faire des frontières qui sont des lignes artificielles sur une carte et rien d’autre de ce point de vue. Malheureusement, d’un point de vue nationaliste, il s’agit de bien autre chose et en premier lieu d’une source de conflit: c’est la raison pour laquelle le vocabulaire guerrier est souvent (même de nos jours!) employé pour décrire les phénomènes économiques par ceux qui veulent en détourner l’objet et coller à l’agenda nationaliste. Dans la citation ci-dessus, l’emphase sur les mots “invasion” et “inondation” montre que Bastiat ne s’y était pas trompé et voyait bien le côté fallacieux de l’emploi du vocabulaire guerrier dans les discussions économiques.