Depuis qu’on a voulu faire de la fraternité une prescription légale, les capitaux n’osent plus se montrer.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 423 à 425
1er juillet 1848
Cette lettre à Salis Schwabe fait suite aux Journées de Juin dont Frédéric Bastiat donne un petit compte-rendu. La fraternité comme “prescription légale” mentionnée dans la citation d’aujourd’hui est une référence aux Ateliers Nationaux dont la fermeture a déclenché l’insurrection. Dans une lettre à Richard Cobden du 27 juin 1848, Frédéric Bastiat développait sa pensée expliquant comment on en était arrivé là (l’expérience des Ateliers Nationaux est sans doute l’expérience communiste la plus aboutie de l’histoire de France).
Ce que la citation décrit, c’est le problème des institutions instables et mal conçues. En 1848, c’est la charité qu’on tentait d’imposer par la législation (ce qui crée des distorsions économiques majeures et une incertitude permanente sur le droit de propriété) mais ce type d’instabilité et d’incertitude peut prendre d’autres formes tout aussi néfastes. Ces jours-ci, on pense à la politique protectionniste de Donald Trump qui, au-delà de l’idiotie immédiate de s’imposer des droits de douane, crée une incertitude telle que les industriels sont incapables de prendre les décisions nécessaires à la bonne marche de leur entreprise, et donc de l’économie (ce qui, à mon avis, fera bien plus de mal à l’économie américaine et mondiale que les droits de douane eux-mêmes).
L’état de droit n’est pas seulement indispensable pour garantir aux individus d’être traités équitablement mais aussi pour mettre en place un cadre légal et réglementaire stable et clair qui permet aux entrepreneurs de faire tourner l’économie.