La spéculation aurait rapproché les deux extrêmes d’une moyenne.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 384 à 385
3 juin 1850
Dans cette lettre, Frédéric Bastiat reproche à Horace Say de ne pas avoir développé une idée qui transparaît dans une lettre envoyée au Journal des Economistes.
La citation d’aujourd’hui se réfère à ce reproche, à savoir de ne pas avoir soutenu de manière didactique la spéculation. Il semble qu’il s’agit ici de spéculation sur le prix du blé mais c’est applicable de manière générale. De la même manière que les intermédiaires apportent de la valeur ajoutée quand ils génèrent un profit sur ce que certains appellent un accaparement inutile de la valeur, les spéculateurs ont leur utilité. Ces derniers sont souvent honnis par Monsieur Tout-le-monde parce qu’on leur reproche des prix qui augementent ou qui baissent et le profit qu’ils en retirent, leur activité apparaissant au premier abord comme improductive. Or, les spéculateurs jouent un rôle important dans l’économie qui est celui de lisser les prix dans le temps (ou l’espace): s’ils ne se trompent pas, ils font monter les prix quand ils sont “trop” bas et baisser les prix quand ils sont “trop” haut: c’est ce que révèle la citation d’aujourd’hui. On notera qu’ils le font à leurs risques et perils: s’ils se trompent, ils engrangent une perte au lieu d’un profit!
Ce mécanisme est encore très mal compris de nos jours et toujours aussi peu accepté par la population (sur l’opinion de laquelle surfent les hommes politiques).