Je vous demanderai la permission de montrer l’intime connexité qu’il y a d’un côté entre le régime restrictif et l’esprit de guerre, de l’autre entre le libre-échange et l’esprit de paix.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 178 à 193
Septembre 1847
Ce long projet de discours que Frédéric Bastiat envisageait de prononcer à Bayonne débute par la question qu’il pose sur la pertinence des frontières géographiques sur l’économie. Elle se résume en ces termes: “Quelle est donc cette économie politique qui, comme dit Pascal, est vérité au-delà d’un fleuve et mensonge en deçà?” Puis il montre comment le protectionnisme, non content de se faire au détriment des consommateurs, freine également la productivité des producteurs.
En dernière partie, il s’étend longuement sur l’esprit de guerre et l’esprit de paix, objet de la citation d’aujourd’hui. En filigrane, on retrouve ma citation apocryphe préférée: “Si les biens et services ne traversent pas les frontières, les soldats le feront.” En aucun cas dit-il que le libre-échange garantit la paix ou que le protectionnisme conduit immédiatement à la guerre. Cependant, il apparaît clairement que le protectionnisme se nourrit des antagonismes des peuples et les attise tandis que le libre-échange tend à les réduire et ne peut pas se bâtir sur une telle approche belliqueuse des relations entre les peuples.