Les Américains ne sont impuissants à filer le coton que parce qu’ils gagnent plus à faire autre chose.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 148 à 152
Courrier français, 2 septembre 1846
Cette deuxième lettre au rédacteur en chef de La Presse suit la réponse qui a été faite à la première lettre de Frédéric Bastiat. Il y soulève les erreurs qui ont été faites entre les droits ad valorem et les droits à la pièce, notamment à cause du subterfuge consistant à mettre en place un droit ad valorem associé à un prix minimum (on voit comment un droit de 20% se transforme en droit de 100%!). Face à l’incompréhension de son interlocuteur, Frédéric Bastiat revient sur les concepts de droit fiscal et de droit protecteur et explique pourquoi, même si un droit fiscal est parfois scandaleusement élevé, il est préférable à un droit protecteur.
Je note la citation d’aujourd’hui car, comme aux arguments de justice souvent avancés et qui se justifient par eux-mêmes, l’aspect économique de la protection plaide également en sa défaveur. On retrouve ici le concept d’avantages comparatifs démontré par David Ricardo. La protection a pour objectif de diriger l’économie vers des industries non compétitives (elle “subventionne” des activités non rentables) et par cela, elle est néfaste pour l’économie d’un pays dans son ensemble. Sans droits de douane, les industriels sont obligés de se concentrer sur une production pour laquelle il existe un avantage compétitif, ce qui permet d’optimiser l’allocation des ressources. Dans l’exemple donné, on se moque que les Etats-Unis ne filent pas le coton puisque les ressources qu’il faudrait allouer à cette activité sont utilisées ailleurs (inutile de savoir où), là où elles sont plus productives.