Il est donc plus simple et plus loyal de poser d’abord le principe de la liberté commerciale.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 134 à 138
Mémorial bordelais, 23 octobre 1846
Dans cette deuxième lettre, Frédéric Bastiat répond au reproche qui lui est fait de ne pas se concentrer sur les privilèges des maîtres de forge et de demander la fin du protectionnisme en général, ce qui augmente le nombre d’adversaires à tous ceux qui bénéficient d’un privilège. L’exemple de la Ligue anglaise se concentrant sur l’abolition des lois céréales vient en soutien de cette position. Ce qu’il nous dit ici est que la source du protectionnisme est différente en Angleterre où les propriétaires terriens en étaient les bénéficiaires car majoritaires au parlement alors qu’en France, le protectionnisme provient de l’erreur consistant à croire qu’il favorise le travail national. Restreindre la lutte aux privilèges des maîtres de forge ne ferait que leur donner les arguments selon lesquels des privilèges identiques sont octroyés à d’autres. Dans la mesure où c’est l’erreur qu’il faut combattre, c’est sur le principe de la liberté commerciale que la lutte doit s’engager. C’est l’objet de la citation d’aujourd’hui.
Je note par ailleurs un passage intéressant en ce qui concerne la demande de suppression des droits de douane. Frédéric Bastiat émet l’hypothèse qu’il faille les maintenir à 10% sur toutes les importations en tant que droit fiscal: il propose une réduction linéaire sur cinq ans des droits appliqués en sus de cette limite. C’est exactement ce que proposera Milton Friedman 130 ans plus tard (vidéo en anglais de 2’23’’) quand il s’agira de supprimer les droits de douane aux Etats-Unis!