Quand la pitié et la charité prennent dans l’esprit la place de la justice, il en résulte toutes sortes de méprises.
Thomas Spencer, traduit par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome III, pages 351 à 384
Covent Garden, 19 juin 1844
Ce sont trois discours de Richard Cobden, Thomas Spencer et William Fox qui sont partiellement traduits de cette longue séance du 19 juin. Ils font suite aux discussions et votes parlementaires sur la question des droits différentiels sur le sucre. Les trois discours jettent chacun un regard sur la problématique de l’esprit de parti qui a prévalu de manière grossière sur ce sujet selon des angles de vue différents. On notera que le lien que je donne correspond à la page 355 et n’intègre pas l’introduction de Frédéric Bastiat sur le sujet qui apparaît en page 351.
La citation que je retiens est d’ordre plus général et me semble tout à fait pertinente parce qu’elle annonce les positions à venir de Friedrich Hayek ou Thomas Sowell vis-à-vis de la justice sociale. Il est évident que la justice “sociale” est injuste dans la mesure où le qualificatif apparaît pour bien signifier qu’il ne s’agit pas de la Justice avec un J majuscule mais d’autre chose. C’est ce que dénonce ici Thomas Spencer, avant la lettre. Ce dernier est d’autant plus légitime à dénoncer ce travers qui consiste à ignorer les principes de justice pour faire avancer un agenda charitable mû par la pitié qu’il est lui-même un ministre du culte. Il nous rappelle ici que “la Bible ne sanctionne pas cette substitution de la charité à la justice”, que la charité est d’ordre individuel et ne peut pas être institutionnalisée.