L’esprit du libre-échange est exclusif de l’esprit de guerre, de conquête et de domination.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome II, pages 260 à 273
22 août 1847
Ce discours à Lyon est non daté dans les Œuvres Complètes mais aurait été prononcé le 7 août; il compare les conséquences du régime protecteur et du libre-échange. Un des thèmes majeurs porte sur l’aspect belliqueux du protectionnisme. En effet, dans la mesure où l’objectif est d’amasser du numéraire, il vise à vendre le plus possible à l’étranger tout en y achetant le moins possible (maximiser la balance commerciale positive chère aux mercantilistes). Frédéric Bastiat nous met en garde sur le fait que, si cet objectif était légitime, toutes les nations devraient le poursuivre avec pour conséquence de s’isoler les unes des autres. C’est bien ce qu’on observe et c’est ce qui justifie le colonialisme qui vise à élargir le marché “national” ou plus tard, le “Lebensraum”. Une conséquence inéluctable est donc d’augmenter la puissance militaire des uns et des autres pour conquérir de nouveaux marchés et conserver ceux qui ont été déjà conquis.
Dans la mesure où le protectionnisme est belliqueux, l’approche opposée conduit au résultat opposé. Le libre-échange “qui fait mieux que de vaincre un ennemi, qui en fait un ami” est donc un vecteur de paix. On notera que c’est la raison initiale qui, après les trois guerres franco-allemandes de 1870, 1914 et 1939 a motivé la création de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) qui s’est progressivement muée en UE (Union Européenne), zone de libre-échange pour les biens, les services, les capitaux et les personnes; non sans un certain succès.
Je trouve extraordinaire qu’on ait su créer expérimentalement une zone de libre-échange d’une telle ampleur en Europe avec la paix pour objectif et résultat et que l’on continue à en nier les bienfaits. Les Etats-Unis d’Amérique constituent un autre exemple de vaste zone de libre-échange qui a permis le maintien de la paix en son sein, et pourtant, l’UE comme les Etats-Unis continuent de s’inquiéter des méfaits du libre-échange au-delà de leurs frontières existantes au lieu de viser à faire tomber ces frontières.