La société, au point de vue économique, est un échange de services rémunérés.
Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 428 à 433
1845
Ce texte est une ébauche de revue du Magnus Opus de Charles Dunoyer, De La Liberté Du Travail. Je n’ai pas eu le plaisir de lire cet ouvrage mais il y est fait référence dans la bible de Joseph A. Schumpeter, History of Economic Analysis, qui trouve Dunoyer “admirable” et son ouvrage “brillant et plein de bon sens” tout en lui niant la qualité scientifique qu’il en attendrait (ayant trouvé l’édition originale sur ebay, je viens de l’acheter et l’attends avec impatience). Frédéric Bastiat lui accorde cependant une “nomenclature […] plus rationnelle, plus méthodique et surtout plus complète que celle qu’avait traditionnellement adoptée la science économique”.
Je relève la citation d’aujourd’hui parce qu’elle annonce plusieurs dizaines d’années à l’avance l’approche que vont avoir Ludwig von Mises et Friedrich Hayek qui placent la catallaxie au cœur de la science économique.
En outre, lorsqu’il est reproché aux économistes d’avoir une approche trop matérialiste de la société, cette citation explique pourquoi il ne peut en être autrement: c’est l’essence même de la science économique d’étudier la société en fonction de ses échanges commerciaux. J’irais peut-être même plus loin et pense que le problème vient du fait que le politique se targue de mettre ses gros doigts boudinés dans l’économie alors qu’il n’a rien à y faire. Et ce n’est pas plus au gouvernement qu’aux économistes de dire ce qu’est la morale, même si chaque individu, y compris les hommes politiques, est touché par la problématique de ce qui est moral ou non.