Quel est le signe le plus certain que les hommes se conservent et prospèrent? C’est leur nombre et leur population.
Jean-Jacques Rousseau, cité par Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome I, page 283 à 333
1844
Les trois chapitres Le Fisc et la Vigne, Mémoire sur la Question Vinicole et De la Répartition de la Contribution Foncière dans le Département des Landes se penchent en un peu moins de cent pages sur des questions fiscales propres au département des Landes dans la première moitié du XIXème siècle. Certains aspects sont techniques, d’autres sont plutôt de l’ordre de la doctrine fiscale. Nombre de reproches et d’analyses portent sur l’assiette de certains impôts de l’époque: en cela, ils sont obsolètes. Cependant, le raisonnement de Frédéric Bastiat est toujours de grande qualité et un certains nombres d’aspects fiscaux toujours valables.
La citation que je relève est d’ordre plus général et porte sur la population. J’ai trouvé que citer Rousseau permettait de voir que même lorsqu’on est en profond désaccord, il existe des points d’ordre universel sur lesquels on peut se retrouver. Par ailleurs, je trouve cette réflexion d’une grande actualité en raison de la mode qu’il y a de nos jours à prôner la décroissance. Rousseau comme Bastiat sont d’accord sur le fait que l’accroissement de la population est un symptôme de (et n’est possible que grâce à) la croissance économique. L’augmentation de la population mondiale de un à huit milliards d’individus sur les deux cents dernières années n’a été possible que grâce à la croissance économique sans laquelle les moyens de subsistance seraient insuffisants.
Ce que pensent la plupart des économistes, c’est que la relation inverse est également vraie et qu’une diminution des richesses produites entraînerait nécessairement une diminution de la population (ce qu’observe Frédéric Bastiat à petite échelle dans diverses communes du département des Landes dans la première moitié du XIXème siècle), contrairement à ceux qui pensent qu’il “suffit” de mieux répartir les richesses (ce qui est systématiquement un échec au vu des politiques contre la pauvreté des pays occidentaux), indépendamment des problèmes que cela pose vis-à-vis de la liberté des individus.
Si la décroissance économique entraîne une diminution de la population, j’ose affirmer que ceux qui la prônent ont une éthique douteuse, voire ignoble (selon la vitesse acceptable de cette diminution).