LETTRES A M. DOMENGER – 16

Vous voyez, mon cher, dans quelle illusion nous vivons en France, quand nous croyons être à la tête de la civilisation intellectuelle.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 408 à 410
8 octobre 1850

Trois mois avant sa mort, Frédéric Bastiat fit un voyage en Italie dans le vain espoir de soigner sa tuberculose. Cette lettre est envoyée de Pise et fait part de considérations diverses. L’une d’entre elle porte sur certaines dévotes de son pays dont Frédéric Bastiat dénonce l’hypocrisie. Il trouve qu’elles s’accommodent un peu vite de prières quotidiennes pour trouver l’absolution à leurs péchés!

Une autre naît d’une certaine introspection que permet son voyage et l’observation au plus près de l’étranger. C’est de là que vient la citation d’aujourd’hui. En effet, Frédéric Bastiat observe que la version française des Harmonies Economiques s’est vendue à plus d’exemplaires à Turin “qu’à Marseille, Bordeaux, Lyon, Rouen, Lille réunis”. Il regrette qu’à cause de sa maladie, il ne soit pas en mesure de sociabiliser et découvrir plus en profondeur la société italienne. Mes propres observations 150 ans plus tard confortent cette idée que le français à qui l’étranger reproche souvent d’être arrogant a effectivement bien souvent, lorsqu’il ne s’est pas expatrié quelques temps, une vision franco-française du monde dans lequel nous vivons, accompagnée d’une fierté par toujours justifiée.