LETTRES A M. DOMENGER – 2

Me voilà donc votant encore avec la république rouge, mais ce n’est pas ma faute.

Frédéric Bastiat
Œuvres Complètes, tome VII, pages 386 à 388
3 septembre 1848

Cette lettre est écrite à la veille de l’ouverture des débats pour établir la constitution de la seconde république française. On comprend par le texte que la situation politique est tendue, que la liberté de la presse est suspendue et que le gouvernement a demandé à la chambre de déclarer l’état d’urgence.

Frédéric Bastiat a voté contre l’état d’urgence et s’est retrouvé donc en opposition au gouvernement aux côtés de ce qu’il appelle “la république rouge”. C’est l’objet de la citation d’aujourd’hui, qui mérite que l’on cite également la phrase par laquelle elle est suivie: “Il ne faut pas regarder avec qui, mais pourquoi l’on vote”. Une fois de plus, cela traduit l’honnêteté intellectuelle de Frédéric Bastiat et son dégoût pour la politique politicienne, ou de parti. Il transparaît également dans cette lettre à quel point Frédéric Bastiat était libéral. Il y indique en filigrane qu’il préférerait une nouvelle révolution plutôt que l’imposition d’une dictature par les légitimistes et annonce qu’il se pliera à ce que souhaite l’opinion publique, dans l’espoir de pouvoir convaincre ledit public de ce qu’il faut faire par le débat et non pas par les armes.